à propos

de moi

je cherche parfois des modèles des lieux des objets…
(et si vous correspondez à l'un des 3 et que vous êtes intéressé.e.s, n'hésitez pas à me contacter)


des mots…

J’ai de la chance, j’ai trouvé chez les artistes de cirque un vivier formidable.
Des gens qui s’expriment avec leur corps, qui cherchent la lumière, et qui m’auront fait assez confiance pour se laisser aller à jouer hors spectacle, sans costume ni mise en scène…
Juste une approche de mouvement, de préhension, de relation…
J’aime les corps, la peau, la contrainte du geste, pour raconter pour exprimer pour dévoiler… ne pas arrêter l’instant, juste être le mouvement et le laisser filer pour dessiner d’un rai de lumière ces corps qui tiennent dans rien, juste un jeu de traces, de temps suspendus…
des instants fugaces [quoi d’autre?]

Et toujours continuer à chercher ces instants, les fixer autrement, n’en retenir qu’une sensation, un trait. Capter ce mouvement, même s’il n’est qu’un regard, un geste futile, une émotion…et toujours laisser cette trace d’un temps suspendu. Et si mes modèles sont presque exclusivement des femmes, c’est sûrement pour l’inconnu qu’elles me proposent et cette aptitude à laisser paraître sans montrer.

et la bio [à la 3ème personne parce que ce n'est pas moi qui l'ai écrite] :

Graffiti artist dans les années 80, philippe Deutsch développe des techniques personnelles à la bombe aérosol et entame une carrière de performer (printemps de Bourges, SOS Racisme, les Jeudis du Port à Morlaix…). Il rencontre des compagnies de spectacle de rue et de cirque (Malabar, Archaos, Cirque Baroque, les Tréteaux du Cœur Volant, Couleurs mécaniques…) avec lesquelles il collabore comme performer ou décorateur.
Quelques années derrière un écran d’ordinateur à faire des pochettes de disques et des productions multimédias, il retrouve son indépendance et travaille comme graphiste, envisageant l’image sous son aspect le plus global en étant tour à tour ou à la fois affichiste, webdesigner, photographe, vidéaste pour le Cirque Baroque, Cie Tout Fou To Fly, Cahin-Caha, Eolipile, le théâtre Tristan Bernard, l’Envolée Cirque, l’académie fratellini, Francky O’Right…
C’est aussi au cours de ces rencontres qu’il a pu créer de vrais liens de confiance qui lui permettent de proposer une approche visuelle personnelle : poser son sens esthétique sur ces corps d’artistes en mouvement et présenter aujourd’hui des séries photographiques sous forme d’expositions itinérantes. Ses photographies ont été exposées et publiées en France, Allemagne, Canada, Grèce, Turquie… 
Pour BlacKbox et les Tréteaux du Coeur Volant, Il renoue avec la peinture en direct, pour faire sortir du noir ses portraits géants à la brosse cette fois et parfois habillés de ses projections video. Ce lien étroit entre l’image et le mouvement l’amène aujourd’hui à concevoir des créations lumières, mêlant projections et dispositifs pour des spectacles de cirque et de danse.

 Mon travail de graphiste est visible sur www.deutsch-art.com

expositions

- inMaterial : expo itinérante, depuis 2006 : académie fratellini, Canteleu, Cirque-théâtre
d’elbeuf
, Village de Cirque#10 - Paris...
- instant(s) fugace(s) (2009) : exposition itinérante grands formats :
festival Janvier dans les Etoiles, festival Circo-Scène, académie Fratellini, Rencontres de danse aérienne - La Baule, Gare au Théâtre - Vitry-sur-Seine,Village de Cirque#10 - Paris...…)

- En attendant le phare : expo itinérante, accompagne la cie «les choses de rien» et le spectacle «le phare»

- Dédale : expo/projections/deco du spectacle Dédale à l’académie fratellini (2007)

- LavoExpo (Mois de la photoOff 2008) Montreuil-93. portraits in situ de la clientèle d’un lavomatique

- Neuwerk Konstanz | Konstanz (D) | Tag der Offenen Ateliers | Samstag, 28. März 2009.
invité par la photographe Franzis Von Stechow

- Coiff’o’maton (Paris 2010) portraits in situ de la clientèle d’un salon de coiffure

- Connivence(s) - avec Linet Andréa. galerie le Mouton Bleu. Avallon (2010)

- Festival des Curiosités. Montbard (21) Trace(s) d’ange: 20 formats 3mx1,50 (2011)

- Festival KoresponDance Europe - Prague (cz) mai/juin 2011
- Galerie Marges. Paris. avril 2012
- Larocafé. Romainville. décembre 2014
- entre(eux)deux - avec Sandra Ancelin. Galerie Poïésis des Arts. Paris. juin 2015
- L'amitié Rit. Montreuil. février 2016
- Festival des Rencontres. La Seyne sur Mer. 2017
- Les Saintes Picoles, en duo avec la plasticienne Martha Romero. mars 2019 


diverses expositions plus ou moins collectives:
- Arles pendant les «rencontres» collectif Artkaos (2008) avec le partenariat de Epson Digigraphie.

- Nuit de la Photographie contemporaine. Paris (2009-2014)
- Collectif Part’Aj : Cap d’Agde. Palais des Congrès (2010)
- Suresnes danse 2010
- Totally Naked. Istanbul (avec Uwe Ommer, Korai Erkaya…). février 2015
- Atrabile - NoirClub. Montreuil. mai 2015
- NuBo13 - NoirClub. Montreuil. juin/septembre 2015
- Rencontres Parisiennes de la Photographie Contemporaine : Paris. septembre 2015
- Traits d'Union#5 / Poussières d'anges. Montreuil, studio l'Albatros. octobre 2015

Publications

Livres/édition:

- Dédale, carnet de voyage, Laurent Gachet
- Carnet de bord pour une création éphémère (A+B production)

- Karacena 2010, Laurent Gachet

- Extérieur Danse (ed. l’Entretemps)

- Ivre d’Equilibre, Pascal Rousseau
- Sensual Photography #2,#3
- Pierrot Bidon - l’homme cirque (ed. HD-Entropik) 2014)
- Le mur de l’Equilibre, Pascal Rousseau (2014)

- Traces “Short Stories” (Jacques Flament Editions) 2016
Revues/magazines:

 - HorsLesMurs, Stradda, Arts de la Piste, Rue de la folie, CircoStradaNetwork, Chalon dans la Rue, et d’autres publications sur les arts de la piste et de la rue...

- 180° feb2009 (canada) : www.180mag.ca
- Project Magazine 2008#2 (Greece)
- ShootingMag #28. avril 2012
- l’Entrepot Magazine. janvier 2015

Light Design (spectacles/videos)

- Le demi-siècle de Martineke Kooistra : m.e. Flannan Obé conception lumière (2020)
- Soma. web série, réal. Alain Robak. directeur photo, chef-opérateur 2018/2021
- Starting Blocks - Intel France. Stade Jean Bouin. Evénement. Scénographie, mise en espace, light design. nov. 2019
- Cie inExtenso93 : OUSTE (théâtre, clowns)
conception lumière, vidéo-projections, visuels (création 2019)
- Le livre du corps. Raie Manta Cie. Lise Pauton. Light design (performance. 2017)
- Cie inExtenso93 : l'Otre Belle (théâtre, clowns)
conception lumière et visuels (création 2016)
- Cie inExtenso93 : Tumultes (théâtre gestuel, marionnettes)
conception vidéos, vidéo-projections, captation vidéo et visuels (création 2014)
- Cie Tr’Espace : ArbeiT. (cirque, manipulations d’objets)
spectacle frontal et circulaire pour chapiteaux et salles : conception lumière, dispositifs de projection (création 2012)
- Cie E7KA : Touch.ed (danse contemporaine)
conception lumière + video projection (création 2011)
- Cie ToutFouToFly : Histoire (cirque, trapèze, acrobatie aérienne)
conception lumière. 2010
- AllDécors : showroom Roche Bobois, Paris. (2010)
light design + vidéo projection
- Tréteaux du Cœur Volant (cirque, spectacle de rue) :

- Les rastacouères au théâtre : video projection + light design (2006/2008)

- Cocons : video projection + light design (2009)
- Bacon : video projection + light design (2009)

et puis d'autres mots

(par d'autres parce qu'ils parlent mieux de moi que moi)

 

Evdokia Kimoliati, Sur les Traces de Philippe Deutsch, automne 2016
Pour la collection “Short Stories”, Jacques Flament Editions

Comment suspendre, comment saisir le temps sans l’arrêter ? Les questions que pose cette série de photos, intitulée Traces, nous jette droit devant la tragédie de notre existence : “le temps n'a point de rive ; / Il coule, et nous passons !”(1). Le temps nous traverse, nous transperce. Le questionnement n’est pas nouveau. Il secoue le monde de la photographie depuis ses débuts. La proposition de Philippe Deutsch est, elle, originale : le rôle de la photographie n’est pas d’arrêter le temps sur un instantané fugace, mais au contraire de le figurer.

Seul devant l’appar(o)eil photo, le modèle est invité à ne rien faire. Situation malaisée s’il en est ! De ce rien, la photographie de Philippe Deutsch donne à voir quelque chose, et non seulement la suspension d’un malaise, celui d’une intimité exposée au public. Elle plonge au contraire le spectateur dans sa propre intimité, dans le geyser de sa mémoire. Quelque part entre douceur et dureté, la photographie devient “quelque chose comme une machine qui vise à grossir visuellement le temps”(2). A partir de l’expression des modèles, Philippe Deutsch crée des vides pour amplifier cette sensation du temps.
Le corps seul dans l’espace se mesure à lui-même. De ce rapport dialogique surgit la vibration qui abroge l’immobilité. Les photos de Traces saisissent l’instant mais pas l’instantané. Elles cassent l’espace pour “produire la matérialité de leur présentation”(3). Elles brisent la logique des lignes et nous emportent dans le tourbillon d’un mouvement d’autant plus surprenant qu’il est inattendu. Le grain arrache le spectateur de son voyeurisme pour le projeter dans l’intimité inconfortable de sa propre temporalité. La confrontation à la timidité, à l’innocence, à la provocation, à l’enfance… est dès lors la confrontation à notre timidité, à ce que fut notre innocence, à notre enfance.

La photographie multiplie les centres de gravité : gravité dans le sens physique, puisqu’elle accroche le regard sur différents points : les yeux, ouverts ou clos ; les flous… Les mains embrassent, caressent, soulignent, suivent et créent les lignes qui attachent l’être à sa condition, mais tracent aussi le chemin de sa fuite, de sa rédemption. La peau prend appui sur la peau pour se relever et pouvoir affronter ce “moment de rien” capable de vaincre le temps.
Mais aussi gravité lyrique, puisqu’elle renvoie le spectateur dans un face-à–face avec soi-même, sa solitude.

Le corps devient lumière d’où émane la clarté qui illumine l’espace : celui qui l’entoure, certes, mais aussi l’espace photographique, la profondeur du cliché dont le flou caresse et prolonge les sens. La figure humaine se déploie sur le cliché, l’envahit et le dépasse. C’est elle qui l’écrase au lieu d’être écrasée par lui. Dans la perspective de la diagonale, trace majoritaire, la photo tombe avec une énergie majeure, alors que les corps planent en suspension. Le temps se déploie…

Bien qu’elles semblent inviter à la promenade, les photos de Traces nous obligent à regarder, à prêter attention. L’image nous livre ce qui se dérobe. Elle nous jette à la figure les vides impalpables du temps.

(1) Alphonse de Lamartine, Le lac, Méditations poétiques, 1820
(2) Georges Didi-Huberman, Devant le temps, Minuit, 2000.
(3) Propos du photographe

 

DENYS-LOUIS COLAUX (2013.11.30)

D’abord, je partage avec Deutsch une admiration émue et une affection spontanée pour les artistes de cirque et j’ai du goût (un sentiment profond souvent doublé d’une agréable impression de surprise) pour la façon dont il voit, considère et rend les belles circassiennes, leurs prouesses, leurs trésors de lignes et de dentelles en suspension au trapèze. J’aime cette suspension telle qu’il la rend, mystère poétique conçu dans la fusion du muscle, de la grâce et de la légèreté, dans le coup d’aile du violent effort.

J’aime ensuite le temps tel qu’il s’affiche dans la photographie de Deutsch. Dans ses modèles, je rêve une merveilleuse proximité entre le temps de Louise Brooks, quelque chose comme de lointains reflets de Ronis et une pleine et enthousiasmante immersion dans le temps présent, une invention tout à fait contemporaine. J’aime le charme de cet étirement temporel, j’aime l’adresse et le savoir qui le fondent. J’aime la culture qui forme le filigrane de l’imagier de Deutsch.

Il y a une grande rencontre  de disciplines dans l’art photographique selon Deutsch. Le cinéma paraît ici, en des dosages heureux et des compositions équilibrées, dans la compagnie de la sculpture, de la chorégraphie, de la peinture aussi. Ici, l’art photographique est un carrefour.

Les modèles qu’il photographie sont singuliers, je veux dire d’une beauté singulière, rare, impressionnante. Sans se ressembler, elles ne viennent toutefois pas de ce vivier habituel où l’on s’en va pêcher les sirènes photogéniques. L’envoûtement qu’elles provoquent  tient peut-être en ceci que ce n’est pas la photographie qui les fait éclore : elles semblent débarquer devant l’objectif avec un vrai bagage de vie, un savoir, un accomplissement personnel, une assomption d’elles-mêmes. Et c’est moins un corps ou un objet qu’elles révèlent qu’une manière d’être et de se tenir, une façon d’exister et de regarder. Ce ne sont pas des mannequins, ce sont des êtres accomplis, des artistes. Voilà, Deutsch capte des êtres qui ont un talent, quelque chose d’ancré et d’incarné, de perceptible et de visible, qui est au-delà de la fonction d’apparaître ou de paraître. Deutsch photographie des femmes qui ont trouvé, inventé, réalisé quelque chose, et ces trouvailles exhaussent la qualité et le rayonnement de leur présence.

Ensuite, et ceci est intimement lié au point précédent, la superbe nudité ou le dévoilement de ces femmes est une corde supplémentaire à leur arc, elles ne font pas métier dans la nudité mais la nudité est une eau dans laquelle elles se meuvent avec l’élégance des fildeféristes quand elles foulent délicieusement le sol. Je veux dire, finalement, que nous ne sommes pas dans la féminité ornementale – que je n’aime généralement pas.

Il y a ici, dans la représentation de la femme, avec une vraie liberté, une sorte de majesté, une célébration solennelle, parfois même une sorte d’hiératisme. Il y a un  Olympe féminin. A ces éléments hiératiques s’allient d’étonnants “bougés”, des esquisses visibles de mouvement comme s’il était question que se rencontrent une religiosité de la femme et son sens de l’action, de l’exploit, de la chorégraphie.

Il me semble enfin que Deutsch mène une recherche très féconde, débordante de propositions nouvelles, d’images à la fois cohérentes et différentes, qu’il édifie lentement, dans une manière singulière et saisissante, le haut lieu de sa cité des femmes.

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